mercredi 16 juillet 2014

Le Bouquinovore a lu : "Demain, une oasis"

Médecin de formation et fonctionnaire planqué dans une grande administration de Genève promouvant la conquête spatiale, un homme est kidnappé et se retrouve quelques jours plus tard dans un camp au beau milieu du désert, très certainement en Afrique. Là, ses ravisseurs lui expliquent qu'il doit aider la population locale s'il veut survivre. Dans un premier temps, il ne pense qu'à une chose : s'évader...

Jean-Marc Gourdon

Ecrit en 1992, ce roman est l'un des tous premiers d'Ayerdhal (son troisième publié, pour être vraiment précis). Réédité par les éditions Au diable vauvert en 2006, le moins que l'on plus dire, c'est qu'il n'a pas pris une ride. Bien au contraire, il est malheureusement d'une actualité brûlante (sans mauvais jeu de mots).

A la fin du vingt-et-unième siècle (ou au tout début du suivant, ce n'est pas vraiment explicité), les pays occidentaux connaissent un nouveau boom économique grâce à l'essor spatial : stations orbitales de type Lagrange, exploitation minière d'astéroïdes, colonisation du système solaire par l'espèce humaine, etc. Le gros problème de cette société du futur décrite par petites touches par l'auteur, c'est que si les pays occidentaux connaissent un regain de croissance et de confort matériel, c'est loin d'être le cas de tout le monde sur la planète. Un peu comme maintenant, me direz-vous. Oui, exactement, mais peut-être de manière exacerbée. Le grand questionnement de ce roman, c'est justement de se demander pourquoi les pays riches vont coloniser et, pourquoi pas, terraformer des planètes aujourd'hui hostiles à l'homme, comme Mars, ou même Vénus, alors que la Terre elle-même connait des lieux inhospitaliers, parce que recouverts de déserts, et où les gens meurent de faim. Pourquoi donc aller dépenser des milliards pour une entreprise qui, au final, ne bénéficiera qu'à une toute petite partie de l'espèce humaine ? Cette réflexion transposée dans un monde futur plus que probable n'est que le reflet, à peine déformé, de ce qui se passe actuellement sur le globe, en 2014. Mais n'est-ce pas la le propre de toute bonne oeuvre de Science-Fiction ? Parce que même si ce livre est présenté par le nouvel éditeur du romancier (Ayerdhal est très fidèle aux éditions Au diable vauvert depuis ce roman-ci, justement) comme un thriller (ce qu'il est, par bien des aspects), c'est avant tout un roman de Science-Fiction, et un très bon.

Au final, c'est peu de dire que j'ai beaucoup aimé ce roman, très court et très bien écrit. Les événements s’enchaînent avec une efficacité effrayante (un peu trop vite, peut-être ; parfois certains événements manquent quand même de matière pour être crédible, mais peu importe). Quand on a ouvert ce roman, on ne peut le lâcher et le dévorer d'une traite. Un livre d'un humanisme sincère (sans naïveté je pense) qui fait du bien en ces temps où dominent le cynisme et le chacun pour soi...

Un roman qui a remporté le Grand Prix de l'Imaginaire en 1993, tout à fait mérité à mon humble avis.

Demain, une oasis - Au diable vauvert - 252 pages - 17,5€ - D.L. : septembre 2006

Le Bouqinovore


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