mercredi 20 août 2014

Le Bouquinovore a lu : "Les Solariens"

Les humains sont en train de perdre la guerre contre les Doglaaris, cette espèce "extra-terrestre" belliqueuse. En effet, les "Dogs" ont un avantage sur les humains, le nombre des vaisseaux inter-galactiques qu'ils possèdent, et qu'ils n'hésitent pas à perdre par centaines dans le simple but de gagner la guerre. Le seul espoir de l'espèce humaine ? Forteresse Sol... Une part de l'humanité primordiale qui, trois cents ans plus tôt, a choisi de se replier sur le système solaire d'où a essaimé les êtres humains. Et si cette Forteresse Sol n'était qu'une légende ? Et s'ils avaient finalement décidé de ne plus s'intéresser à leurs frères...

illustration de Manchu


Quand on commence l'oeuvre d'un auteur, on se demande si le mieux n'est pas de lire son tout premier roman. Ce n'est pas toujours évident, d'autant que ledit bouquin n'est pas forcément disponible. Mais là, il s'agit d'un auteur encore vivant, ce qui aide je pense à sa visibilité. D'autant qu'il a été souvent ré-édité sous nos latitudes. Les Solariens est donc le tout premier roman de Norman Spinrad, un auteur très engagé à gauche (voire un peu plus), qui n'a pas toujours trouvé sa voie (sa voix ?) dans son pays d'origine. Voici deux ans, j'ai d'ailleurs pu brièvement échanger quelques mots avec lui. C'est un homme charmant, réservé, qui cache sous ses dehors de petit bonhomme fragile une force incroyable...

Je sais de source sûre que ce roman n'est pas le meilleur écrit par Norman Spinrad. Je suis tout à fait prêt à croire cet avis autorisé qui est issu de quelqu'un qui, visiblement, connait bien l'oeuvre du Monsieur. Bien sûr, on pourrait arguer qu'il s'agit-là d'un premier roman (même si, avec la chronique littéraire précédant celle-ci, l'argument n'est pas forcément recevable) pour expliquer ce fait. Mais je ne vais pas faire toute cette chronique sur les faiblesses de ce Les Solariens. Il ne le mérite pas je trouve.

Publié pour la toute première fois en 1966, ce roman se situe dans un contexte socio-politique assez particulier. En effet, aux Etats-Unis, nous sommes en plein dans le flower power (à un an du fameux Summer of Love), mouvement de contestation de la jeunesse américaine contre, entre autres choses, l'intervention de leur pays au Viet-Nâm. Parce qu'en lisant Les Solariens, cela m'a paru évident que Spinrad parlait de ça. Une guerre interminable et stupide où l'état-major continue à engager le combat, malgré l'inéluctabilité du résultat final, somme toute catastrophique. Et puis, ces Solariens, ce sont les hippies bien sûr ! Éloge de l'amour libre, usage de stupéfiants... Et surtout une philosophie du pacifisme à toute épreuve. Il est clair que l'auteur américain voulait, par ce court roman (à peine plus de 220 pages), mettre sa pierre à l'édifice du mouvement anti-guerre qui gonflait dans son pays. Quoi de mieux qu'un roman de science-fiction qui, sous couvert d'ailleurs et de demain, ne parle que d'ici et de maintenant. Le maintenant du Norman Spinrad de 1966.

Alors Les Solariens n'est peut-être pas le chef d'oeuvre de la littérature du XXème siècle, mais il se laisse tout à fait lire et il nous fait réfléchir tout en nous projetant loin de notre quotidien. Il s'agit d'un bon roman de space opera tel qu'on aimerait en lire plus souvent. Pas prise de tête dans la forme, mais avec ce minimum de fond pour ne pas laisser un arrière-goût d'inutilité à sa lecture.

Le Bouquinovore

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